©St.Rosse
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DDepuis plusieurs années le grand Jean-Pierre Dionnet essayait de nous convaincre, Charlie Schlingo et moi, de travailler pour l'animation. tâche des plus difficiles d'autant plus que j'avais déjà émigré en finlande. il nous fallait aussi trouver d'autres personnages que Grocoincoin et Fatafata, ces derniers n'étant pas libres de droits à l'époque. Qu'importe! Charlie Schlingo avait déjà trouvé leurs dignes successeurs : Phidias et Hypnopor-Ouroubourou.
AAprès plusieurs faux départs, Charlie Schlingo et moi réussissons enfin à mettre ce projet sur pied. C'est alors que charlie schlingo décide de se casser la jambe (il avait inventé avec les Silver d'argent ce jeu hilarant et parfaitement stupide qui consistait à mimer des bagarres de cinéma dans les bars et les restos - le but à peine inavoué de ce jeu étant de renverser le plus de tables possibles avant l'arrivée des tauliers - mais cette fois-ci Charlie Schlingo fit un mauvais atterrissage). Bref, je débarque de Finlande, engouffre Charlie Schlingo et son membre plâtré dans un taxi et en route pour la Maison de la Radio où nous avions rencard avec un producteur.
AArrivés sur les lieux, la solennité massive de ce grand machin nous fait frissonner d'émoi. une réceptionniste nous mène vers les bureaux de production dans lesquels dionnet nous attendait déjà. il devait avoir pas mal travaillé le producteur en nous attendant : Charlie Schlingo est accueilli comme un roi. le voyant avec ses béquilles et la jambe dans le plâtre, le producteur (dont je tairai le nom) décide de nous faire faire le tour du propriétaire : il empoigne une chaise de bureau montée sur roulettes et propulse Charlie Schlingo de couloirs en couloirs, de bureaux en bureaux, d'un ordinateur à l'autre. Je trottine derrière.
L'heure de passer aux choses sérieuses arrive. nous nous installons dans le bureau du producteur, Dionnet un peu en retrait pour nous soutenir en cas de besoin. Charlie Schlingo attaque, très pro : "c'est quoi comme bécanes que vous avez?"
Le producteur ne s'attendait pas à celle-là : "Ne vous inquiétez-pas de la partie technique, nous nous chargeons de cela".
CC'était mal connaître mon Charlie Schlingo : "ouais mais moi pour bosser faut que j'sache quand même c'que c'est comme bécanes que vous avez!". Dionnet à la rescousse! Comme Charlie Schlingo avait du mal à se traîner jusqu'à sa salle d'eau vu sa patte cassée, il portait une barbe de 7 jours et des vêtements de 2 mois. Dionnet : "Saviez-vous que Charlie Schlingo est le seul authentique grunge français?". Grunge! Le terme fait mouche! Le producteur respire. Il se détend, sourit, se pâme. Ce Dionnet, quel talent!
CCharlie Schlingo sent que c'est le moment de le clouer sur place : "Pour cette série j'ai tout dans l'chou! j'ai même trouvé la musique du générique!". Alors, sans que personne ne lui ait rien demandé, de ses plus belles intonations de basse, sur l'air de "Dallas", Charlie Schlingo se met à scander:
-"Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou! Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou! Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou!?????? Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou!"
Ça pendant 1mn30! Montre en main!
NNous sommes tous comme hypnotisés. Dionnet est le premier à sortir de sa stupeur. Et pour prouver s'il en était besoin encore que nous sommes de vrais professionnels acharnés de travail, il lance à l'intention du producteur : "Et ce projet vous pouvez le terminer assez vite les gars, pas vrai? Vous êtes quasiment prêts?"...
-"Ben, dit Charlie Schlingo visiblement très préoccupé, faut voir quand j'aurais le temps pasque demain je dois aller à la poste et après-demain c'est le lavomatic..."
JJe repartis le lendemain pour la Finlande. J'appris bien des années plus tard que ce producteur avait mis fin à ses jours - mais cela n'a aucun rapport avec notre histoire.
JJ'ai eu Dionnet au téléphone il y a quelques jours, il se porte bien. Dieu le bénisse. |